Les soins intensifs (2ème partie)

Léa passe par un petit trou.....

La vie de Léa pendait à un fil et ce fil ne lâchait pas…. 9 pompes l'entouraient , une voie centrale à 3 entrées ainsi que le porth-à-cath étaient utilisés. Les infirmières se cassaient la tête pour que les médicaments soient perfusés correctement ; les tubulures, les robinets, tel médicament ne pouvant passer en même temps que d’autres etc…. et ces alarmes qui sonnaient sans arrêt. Nos yeux étaient rivés sur les machines car le moindre énervement de Léa faisait monter sa tension et son rythme cardiaque, ce qu'il fallait éviter.

On essaya la respiration artificielle sous oscillations (comme chez les grands prématurés) mais cela stressa Léa et il fallut très vite arrêter.

Une petite fille, Lisa, même âge que Léa était entrée le 1er octobre comme Léa mais elle, pour un bloc de chimio. Lisa fît, également un choc septique et descendit aux S.I. quelques jours après Léa. Les deux petites filles dans des box vitrés, côte à côte, étaient mourantes et il s’est passé quelque chose d’incroyable... J’ai, instinctivement, sans savoir pourquoi, changé de place et me suis mise à l’opposé de l’autre enfant. J’ai senti la mort tourner et hésiter entre les deux petites filles et j’ai serré la main de Léa pendant plusieurs heures comme pour la retenir. Au fur et à mesure que l’autre enfant s’enfonçait, Léa remontait en faisant de temps en temps un effort pour respirer toute seule , ce qui motiva les médecins de changer le mode de ventilation du respirateur ainsi que de diminuer le pourcentage d' oxygène. Lisa est décédée ce jour là et Léa s’en sortait, doucement.

Jamais, je n’oublierai ce moment.

La greffe prenait et les globules blancs de Léa remontaient et combattaient l’infection. Mais ce n’était pas encore gagné, il fallait attendre que la fonction rénale reprenne, que le cœur fonctionne correctement sans médicament et que l’on réveille tout doucement Léa. Surtout que l’on puisse l’extuber, ce qui n’était pas gagné car les médecins nous avaient prévenus qu’il faudrait peut-être s’y prendre à plusieurs reprises. La première fois fut la bonne et petit à petit, notre fille chérie revenait à la vie.

Les jours qui suivirent, nous pûmes un peu déstressés. Léa, encore sous l’effet des drogues, nous faisait déjà rire ! A peine extubée, elle nous chuchota les yeux fermés et d’une voix très rauque (à cause des tuyaux du respirateur)... de l’eau bru, je ne comprenais pas bien et la fît répéter plusieurs fois. Léa, c’est de l’eau brulée que tu veux ?? Nooon, d u B r u…. Incroyable, notre fille sortait d’un coma de 10 jours et nous réclamait du Bru (alors qu’il était rare qu’elle en boive….) Quel coup de pub !, Léa fît bien rire tout le monde……

Le lendemain, elle me demandait pourquoi j’avais un téléphone sur la tête ??? L’effet de toutes ces drogues étaient encore bien présent….. Ensuite, le Prof. V, anesthésiste essayait de déboucher le PAC de Léa, quand celle-ci demanda de quoi il se mêlait celui-là et pourquoi il piquait des bébés au pied de son lit!!!. Lui aussi, rigola car il connaissait bien Léa et savait que ce n’était pas son habitude de parler ainsi….

Après avoir passé deux semaines dans ce service, ce service où nous avions vu plusieurs enfants décédés, où nous avions vu des parents écroulés par le chagrin, nous remontions à l’étage avec notre fille bien vivante, dans l’unité aseptique pour terminer son hospitalisation.

Encore une fois, c’est ce que nous croyions.

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