Les premières semaines après le départ de notre chérie, nous étions tellement fatigués que nous nous sommes ,d'abord, reposés. Malgré l’immense douleur, nous étions comme soulagés de ne plus la voir souffrir.
Puis, nous avons commencé par jeter ses médicaments, il y en avait en quantité incroyable, ceux qui pouvaient encore servir, ont été remis aux infirmières de liaisons. Rien que ça, était déjà une épreuve et c’est à ce moment que nous avons commencé à prendre conscience qu’elle était vraiment partie.
Nous avons, également offert sa chaise roulante, ses béquilles, attelles et autres matériels qui nous rappelaient tant sa souffrance, à l’équipe des soins palliatifs. Tant mieux, si cela pouvait soulager un enfant en fin de vie.
Petit à petit, nous avons réappris une multitude de petits gestes banals comme mettre la table avec une assiette de moins (on ne s’imagine pas comme il nous a fallut du temps pour ce petit détail), ne plus surveiller l’heure pour les médicaments etc... Et puis, laver ses derniers vêtements, ranger sa chambre qui ne serait plus dérangée, certaines choses comme sa brosse à dent que j’ai d’abord rangée puis jetée pour ne plus me faire du mal, enlever ses crèmes, ses savons... Toutes ces étapes font partie (je ne dirais pas deuil car je déteste ce mot) de l’après et toutes ces étapes sont des épreuves difficiles qui ont été accomplies avec beaucoup de larmes.
Mon premier réflexe a été de chercher d’autres parents qui vivaient l’horreur comme nous, car bien que nous ayons été très entourés les premiers jours, chacun était retourné à ses occupations et c’est ce que nous avions envie à ce moment.
C’est ainsi que j’ai contacté l’asbl « Parents désenfantés » (quand j’écris ce mot, mon pc me le souligne, c’est normal, ce mot n’existe pas, il n’y a pas de mot dans la langue française qui nomme des parents dont l’enfant est décédé…).
J’ai été accueillie par M avec qui j’ai eu une longue conversation téléphonique. Tout de suite, j’ai compris que cette maman comprenait tout à fait ce que je ressentais et cela m’a fait vraiment du bien. Ont suivis, ensuite, une visite à domicile par une autre maman qui avait également perdu sa fille et une réunion d’accueil chez un couple, eux aussi « désenfantés », avant que je ne participe à une première réunion. Tous ces parents sont devenus mes amis et même plus car tous savent ce que c’est de vivre après le décès de son enfant. Ensemble et au fil des réunions, nous avançons pas à pas.
Je me sentais (et encore aujourd’hui) tellement différente des autres parents qu'en en allant aux réunions de « Parents désenfantés », je me trouvais entourée de mes semblables avec les mêmes douleurs, le même ressenti et c’est ce que j’avais le plus besoin.
Patrick, lui, n’en éprouvait pas le besoin et n’avait pas envie d’entendre d’autres parents tristes comme nous. Mes enfants, eux, étaient sans avis. Parler de Léa n’était pas un sujet tabou mais difficile pour ma famille et moi j’ai toujours besoin et envie de parler d’elle…..ma fille. L’entendre m’appeler « maman » me manquait tant….
1 De jeanne -
Je suis allée visiter ce site " les parentsdesenfantés" j'y ai laissé un poème que j'ai écrit et lu aussi lors d'une messe en hommage au donneurs à l'UCL
Je ne me sentais pas différente après les décès de Bernard et mon mari .Les 50 jours après l'envol de Bernard ont fait que nous n'avons pas eu le temps de nous laisser du répit ni de repos.Mais après.....Les gens ne pouvaient pas comprendre qu'on puisse faire ce que nous avons fait.....On m'a dit que j'étais "hors norme" "avant-gardiste" et ça me mettait en colère, je me sentais jugée et je ne comprenais pas.J'ai fini par ne plus me préoccuper de ce que les autres disaient sur moi en mal ou en bien.......on ne peut contenter tout le monde donc faire en sorte de vivre le mieux possible avec soi-même en se disant que tout ce qui était possible à faire a été fait et personne n'a le droit de remettre en question quoique ce soit.
j'aime bien te lire Joëlle et dis-toi que tu permets très certainement à beaucoup d'entre nous de faire un bilan dans sa propre histoire avec leur enfant, puis après .
Tu permettras très certainement à beaucoup d'avancer un pas de plus.
Bisou
2 De nelly -
Bonjour
Dans ce que vous raconter , j ai l impression de me retrouver , et de retrouver mon mari.
Moi aussi j ai besoin de recontrer des "parents désenfantés" c est peut etre dur à comprendre mais cela me fait du bien de parler avec des personnes dans la meme situation.
Continuer à raconter Léa , elle doit etre fière de sa maman
Courage
nelly
3 De Ingrid,la maman d'Eva -
la brosse à dents d'eva est toujours à la salle de bain ! son dentifrice à la fraise , ses pinces à cheveux aussi ...... pourtant elle est partie depuis plus de 18 mois !
comme toi Joëlle il y a cette ligne du temps avec avant et après ! je ne m'en étais jamais appercue !
les derniers vêtements , les médicaments , tout ça c'est tellement similaire !
on se croit seule et pourtant nous sommes tellement de mamans , de papas désenfantés .
Merci Joëlle pour se partage ,Ingrid.
Je n'arrive pas à aller sur le site parents désenfantés ???
4 De fabienne (maman de Damien) -
Bonjour Joêlle,
Tu décris exactement ce qu'on a vecu dans les jours qui ont suivi le décès de Damien. Je viens de me rendre compte que j'en ai jamais parlé dans le blog et je ne sais pas pourquoi. Quel est ce site dont tu parles "parents désenfanté"?
Je me suis renseigné, dans le Haut-Rhin , il n' y a pas d'association d'aide aux parents endeuillés. c'est vraiment dommage!
je t'embrasse
Fabienne
5 De palladia soeur de Bernard -
C'est vrai qu'une fois que Bernard s'est envolé, nous avons du faire face au déclin de papa qui est parti 50 jours après lui ...
Quand papa est parti, il ne nous restait plus que le vide exposant 2.
Etrangement, nous nous levions comme si bernard ou papa devait aller à l'hopital, tout le temps que nous leurs consacrions pour les soins, ou les choses de la vie, nous devions l'utiliser pour nous et plus pour eux.
Toutes leurs affaires (essuies, médicaments, lits, pyjama, savons, affaires persos, etc.) il fallait les jeter ou arriver à les recycler (don croix rouge). Il a fallu ajuster les doses de nourritures car il fallait faire à manger pour 3 et plus pour 5, acheter le produit à lessiver moins souvent (mine de rien on attrappe des rituels, chaque semaine acheter tel quantité de viande - surtout quand Bernard était en soin et qu'il mangeait 2 rotis au petit déjeuner - tel quantité de produit pour la lessive, etc.) dans les premiers temps, ça reste un réflexe, on fait tjs les courses en fonction d'eux, on fait encore plein d'autres choses en fonction d'eux ... puis ça passe ... comme tout fini par passer ... le temps reste notre ami dans cette histoire.
Courage à ceux qui vivent ces moments particulièrement difficiles ... l'après ....