Le treizième anniversaire de Léa

Nous approchions de son anniversaire, que faire pour un enfant en fin de vie? Plus rien n’avait de sens, 15 mois qu’on nous avait annoncé que Léa partirait et certes elle allait de moins en moins bien mais s’accrochait, irrémédiablement, à la vie.

Certaines personnes ont cru, à ce moment, qu’on avait raconté des histoires. Les gens peuvent être tellement bêtes et méchants….

Darwin arriva chez nous au début du mois de mars, il n’avait pas encore les huit semaines requises mais était sevré et pouvait vivre sans sa maman.

Dès le début, il prit Léa pour sa mère, ne quittant jamais ses genoux, elle qui restait maintenant très souvent allongée dans le fauteuil.

Nous avons fêté son anniversaire très simplement à la maison, entourés des personnes que Léa aimait le plus…Chacun apporta un gâteau de sa fabrication car Léa adorait les pâtisseries faites maison, surtout les gâteaux d’Adrienne, mamy de Mathilde, et mamy d’adoption de notre puce.

Mathilde, petite fille que nous avions rencontrée à l’hôpital, malade également mais aujourd’hui, fort heureusement, guérie. Mathilde et sa famille nous ont beaucoup soutenu, Léa les adorait et nous aussi, encore aujourd’hui, même si on ne se voit pas assez souvent.

Ce mois de mars, je fis, également, une démarche très difficile mais néanmoins nécessaire pour moi.

Je poussais, d’une main tremblante, la porte des pompes funèbres, je voulais savoir ce qui se passerait après le décès de ma fille.

Il était impensable, pour moi, de confier Léa à n’importe qui….Heureusement, la première porte que j’ai ouverte était la bonne, j’ai été reçue par un couple d’une extrême gentillesse, qui comprenait ma démarche.

Ils m’ont expliqué le déroulement des jours qui suivent le décès et m’ont aussi dit que même si c’était leur métier, la mort d’un enfant les touchait énormément mais qu’ils feraient tout leur possible pour nous assister pendant cette période si difficile.

En sortant, le poids que j’avais sur le cœur avait diminué, restait, seule, la culpabilité d’avoir fait cette démarche alors que Léa était toujours en vie.

C’est dans le courant de ce mois que nous avons commencé la préparation de la messe de ses funérailles. Discrètement, en petit comité ; ma sœur, Cath, B, l’abbé M. et moi-même avons choisi les textes et écouté les chansons que nous voulions entendre, Patrick et moi. Mon mari, étant athée, et ayant beaucoup d’amis non croyants, nous ne voulions pas la lourdeur d’un office funèbre, mais plutôt faire passer un message, le message que Léa nous avait transmis, l’amour de la vie.

Cela peut paraître malsain de penser à tout ça en de tels moments mais pour moi, je le prenais comme une chance, dans notre malheur, de pouvoir réfléchir, pour la dernière fois, à ce qui serait le plus beau pour Léa.

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