Le blog de Léa - Année 20042022-04-19T17:40:22+02:00urn:md5:bf0f74aea40cb8e7e85ce078980023ddDotclearLe mariage de Julieurn:md5:63bf93fdecff70af1901c787ab4c37732008-03-24T15:19:00+00:002014-07-02T13:41:29+00:00joelleAnnée 2004 <p>Janvier 2004</p>
<p>Nouvelles ponctions lombaires et médullaires, cette fois, les résultats ne sont pas bons.
Les cellules leucémiques sont dans le liquide céphalo-rachidien ainsi que dans la moelle.</p>
<p>Et voilà, le processus nest plus freiné par les chimios.</p>
<p>Léa souffre de plus en plus de douleurs aux jambes et à la tête, elle se fatigue très vite aussi.</p>
<p>Nous sommes en plein préparatifs du mariage de notre aînée qui voulait absolument se marier tant que sa sur était encore là .mais Léa va t-elle tenir jusque là ?
Les médecins espèrent que Léa sera encore là .
Difficile de préparer un fête joyeuse dans un tel contexte. Mais, nous tenons notre rôle de parents sans avoir le choix, dun côté, nous soutenons Léa du mieux que nous pouvons, de lautre, nous préparons ce qui doit être un merveilleux jour pour notre fille aînée.
Acheter des vêtements pour Léa fut une étape difficile, la cortisone avait déformé son corps.
Depuis très longtemps, elle mesurait 1M40 et pesait plus de cinquante kilos (plus de 20 kg en un an), en plus, elle ne supportait plus que des vêtements très confortables.</p>
<p>Pas question de passer des heures à arpenter les boutiques, ni dacheter quelque chose sans elle. Finalement nous avons fini par trouver un ensemble qui ne lui allait pas trop mal.</p>
<p>Cest dans ce même ensemble que Léa fut enterrée .
Et je le savais déjà en lachetant.</p>
<p>Le jour du mariage arriva et Léa était toujours là, son état ne sétait pas trop aggravé, la cortisone avait été, une fois de plus,augmentée.</p>
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<p>Ce fut une belle journée, qui sest déroulée sans le moindre accrochage.</p>
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<p>Cloé nétait pas présente ce jour là, étant partie en Ecosse, en voyage avec toute sa classe. Elle y tenait beaucoup et nous lavons laissée choisir.
A notre grand étonnement, Léa a beaucoup dansé et pour nous et nos amis se fut un grand plaisir de la voir samuser ainsi sans avoir mal.</p>
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<p>Léa danse avec sa copine Mathilde.</p>
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<p>Léa se régale !</p>
<p>Cette journée se prolongea jusquà 3hrs du matin et notre puce resta en forme jusquau bout.</p>
<p>Durant ce mois de février, Léa nous fit une nouvelle demande, elle fréquentait toujours son club de dressage et régulièrement nous allions voir certains membres du club présenter leur chiens en concours de beauté.
Léa voulait, également participer à un concours, mais pour cela, il lui fallait un chien avec un pedigree, seule notre braque de Weimar en avait un.</p>
<p>Mais Bali était bien trop grande pour Léa, il lui fallait un petit chien et sa préférence se porta sur un teckel nain à poils durs.</p>
<p>Cest ainsi que nous avons rencontré Babeth, éleveuse de teckels, chez qui nous avons acheté Darwin, adorable petit teckel à poils durs.
Darwin étant né le 9 janvier, Léa devait attendre encore un peu avant de lemmener mais Babeth, au courant de la situation, nous avait promis de lui laisser dès quil serait sevré.</p>Le treizième anniversaire de Léaurn:md5:874569df18f9d9d6f427ddf252a807ff2008-03-24T15:10:57+00:002008-03-30T13:59:12+00:00joelleAnnée 2004<p><img src="https://lea.medicalistes.fr/images/photos3/photos4/blog93jpg.jpg" alt="" /></p> <p>Nous approchions de son anniversaire, que faire pour un enfant en fin de vie?
Plus rien n’avait de sens, 15 mois qu’on nous avait annoncé que Léa partirait et certes elle allait de moins en moins bien mais s’accrochait, irrémédiablement, à la vie.</p>
<p>Certaines personnes ont cru, à ce moment, qu’on avait raconté des histoires.
Les gens peuvent être tellement bêtes et méchants….</p>
<p>Darwin arriva chez nous au début du mois de mars, il n’avait pas encore les huit semaines requises mais était sevré et pouvait vivre sans sa maman.</p>
<p>Dès le début, il prit Léa pour sa mère, ne quittant jamais ses genoux, elle qui restait maintenant très souvent allongée dans le fauteuil.</p>
<p>Nous avons fêté son anniversaire très simplement à la maison, entourés des personnes que Léa aimait le plus…Chacun apporta un gâteau de sa fabrication car Léa adorait les pâtisseries faites maison, surtout les gâteaux d’Adrienne, mamy de Mathilde, et mamy d’adoption de notre puce.</p>
<p>Mathilde, petite fille que nous avions rencontrée à l’hôpital, malade également mais aujourd’hui, fort heureusement, guérie.
Mathilde et sa famille nous ont beaucoup soutenu, Léa les adorait et nous aussi, encore aujourd’hui, même si on ne se voit pas assez souvent.</p>
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<p>Ce mois de mars, je fis, également, une démarche très difficile mais néanmoins nécessaire pour moi.</p>
<p>Je poussais, d’une main tremblante, la porte des pompes funèbres, je voulais savoir ce qui se passerait après le décès de ma fille.</p>
<p>Il était impensable, pour moi, de confier Léa à n’importe qui….Heureusement, la première porte que j’ai ouverte était la bonne, j’ai été reçue par un couple d’une extrême gentillesse, qui comprenait ma démarche.</p>
<p>Ils m’ont expliqué le déroulement des jours qui suivent le décès et m’ont aussi dit que même si c’était leur métier, la mort d’un enfant les touchait énormément mais qu’ils feraient tout leur possible pour nous assister pendant cette période si difficile.</p>
<p>En sortant, le poids que j’avais sur le cœur avait diminué, restait, seule, la culpabilité d’avoir fait cette démarche alors que Léa était toujours en vie.</p>
<p>C’est dans le courant de ce mois que nous avons commencé la préparation de la messe de ses funérailles.
Discrètement, en petit comité ; ma sœur, Cath, B, l’abbé M. et moi-même avons choisi les textes et écouté les chansons que nous voulions entendre, Patrick et moi.
Mon mari, étant athée, et ayant beaucoup d’amis non croyants, nous ne voulions pas la lourdeur d’un office funèbre, mais plutôt faire passer un message, le message que Léa nous avait transmis, l’amour de la vie.</p>
<p>Cela peut paraître malsain de penser à tout ça en de tels moments mais pour moi, je le prenais comme une chance, dans notre malheur, de pouvoir réfléchir, pour la dernière fois, à ce qui serait le plus beau pour Léa.</p>Léa s'en va...urn:md5:7a91f3f1a735b2a0828851ff75b36fc92008-03-24T15:00:03+00:002008-03-31T10:41:39+00:00joelleAnnée 2004<p><img src="https://lea.medicalistes.fr/images/photos3/photos4/blog95jpg.jpg" alt="" /></p> <p>En ce début du mois d’avril, Julie nous annonça qu’elle était enceinte.
J’ai pleuré, non pas de joie mais de chagrin, pour moi ce n’était pas le moment.
Ma première réaction était de ne rien dire à Léa mais Patrick n’était pas d’accord, Léa avait le droit de le savoir.
Comment pouvais-je me réjouir de devenir grand-mère alors que ma fille se mourait.
Trop dur, trop difficile à accepter…
Et puis, cette vieille croyance ; à chaque décès, une naissance…résonnait dans ma tête.</p>
<p>Léa souffrait de plus en plus, des radios ont été faites et montraient un tassement de certaines vertèbres, cette fichue cortisone était entrain de ronger toutes ses articulations.</p>
<p>La morphine (MS Direct) ne suffisait pas à réduire les douleurs, nous sommes donc passé à la pompe à morphine ; un petit boitier du style d’un walk-man, avec une cassette de morphine qui déversait de manière régulière des gouttes de morphine via le porth-a-cath de Léa.
Un bouton lui permettait d’injecter une dose supplémentaire quand c’était nécessaire.
Et ce l’était régulièrement.</p>
<p>Nous n’allions plus à l’hôpital, pour quoi y faire ? Rien que le trajet (50km) était une souffrance supplémentaire.
Pourtant, Léa voyait bien qu’elle avait besoin de plaquettes, les pétéchies apparaissaient partout sur son corps.</p>
<p>Le lundi 26 avril, notre fille, dans un ultime effort voulut aller dans un grand magasin de jouets, se choisir de nouveaux puzzles.
Les puzzles étaient un de ses passe-temps favoris depuis de nombreuses années, mais uniquement des dessins pas de paysages, et ce n’est pas évident à trouver à 2 ou 3000 pièces.
Alors, elle avait une grande collection des puzzles de Jan Van Haasteren, puzzles humoristiques qui représentent, chacun, une scène avec une quantité incroyable de personnages dans toutes les positions possibles(dans un aéroport, au zoo, à la plage, sur un terrain de foot etc…).</p>
<p>Nous en avons trouvé quelques nouveaux, ce jour là, ils sont restés emballés, jamais elle ne les fît.</p>
<p>Elle a acheté plusieurs posters de chiens pour re décorer sa chambre.</p>
<p>Il faisait très beau ce jour-là et nous avons mangé un sandwich à la terrasse d’un snack.</p>
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<p>Cette sortie lui avait demandé un effort surhumain.</p>
<p>Le lendemain, Léa était très très fatiguée…</p>
<p>Le soir, Julie est venue lui dire bonjour et nos trois filles ont posé les posters achetés, la veille.
Léa leur disait où les coller et nous les entendions rire à elles trois.
Notre amie, infirmière, tata F. pour Léa, est passée, également ce soir là.
Léa nous a demandé de la glace à la pistache, elle arrivait péniblement à mettre la cuillère dans la bouche mais refusait totalement mon aide.</p>
<p>Plus jamais, de la glace à la pistache n’entrera dans la maison, rien que la vue, m’en donne la nausée.</p>
<p>Je dormais, déjà depuis plusieurs semaines, dans la chambre de Léa à côté d’elle pour l’aider à se lever de son lit. Cela nous rassurait car notre chambre est au rez de chaussée.</p>
<p>Le mercredi matin, alors que je m’étais levée plus tôt, Léa s’était péniblement levée et descendue seule. Elle ouvrit la porte et me dit le visage décomposé par la douleur ;
« Maman, je ne me sens pas bien «
J’avais compris qu’on arrivait au bout…
Je l’installais dans un fauteuil et nous sommes restés à ses côtés toute la journée.</p>
<p>Nous avons eu encore quelques visites…</p>
<p>Nous avions demandé à S., infirmière de liaison, de rester la nuit car nous sentions la fin s’approcher.</p>
<p>Léa a commencé à râler….</p>
<p>Je n’écrirai pas les dernières heures, elles nous sont propres.</p>
<p>Nous avons fait du mieux que nous pouvions….</p>
<p>Léa, notre amour de petite fille a cessé de respirer à 1h10’ du matin, ce jeudi 29 avril 2004…</p>
<p>Son calvaire était terminé.</p>Les jours d'après...urn:md5:ca071fe066859eaaf0d2f179df737cca2008-03-24T14:30:11+00:002008-04-08T13:23:02+00:00joelleAnnée 2004 <p>Un grand silence régnait dans la maison, l’infirmière était repartie, nous avons passé quelques coups de fil aux personnes qui l’avaient demandé.
Je suis restée dans le salon, à côté de Léa, Patrick était allé s’allonger sur notre lit.
Nous avions besoin de solitude…
A l’aube, j’ai prévenu les pompes funèbres, ma sœur et mon beau-frère sont arrivés en même temps qu’eux.
Nous avons rédigé le faire-part et diverses formalités, Patrick ne disait rien et restait près de Léa.</p>
<p>Et puis, ils ont emmené Léa au funérarium, quel déchirement le voir le corbillard partir.
On nous avait déconseillé de la garder à la maison, les personnes décédées des suites d’une maladie se détériorent très vite….
Eh, oui, il faut penser à ça !</p>
<p>Ma hantise était le frigo, je ne voulais pas qu’elle y aille, elle a été placée sur un matelas réfrigéré.</p>
<p>Beaucoup de gens sont venus lui dire au revoir.
Les funérailles étaient prévues pour le mardi 4 mai.</p>
<p>Nous avons vécus les jours entre son décès et l’enterrement, dans le flou le plus total,
Je ne me souviens plus très bien, beaucoup de monde autour de nous, beaucoup de peine de tous, beaucoup de soutien…</p>
<p>Tout était prêt, nous n’avions plus rien à préparer ni à penser….</p>
<p>Nos larmes pouvaient enfin couler librement...enfin...</p>
<p>Léa ne pouvait plus rien voir, maintenant.</p>Les funéraillesurn:md5:96b624d8dd4203e74cb3476a577b1cc22008-03-24T14:15:52+00:002008-04-06T14:20:34+00:00joelleAnnée 2004 <p><img src="https://lea.medicalistes.fr/images/blog003.jpg" alt="" /></p>
<p>Un autre article...</p>
<p>C’est étrange mais je n’en ai pas un mauvais souvenir…</p>
<p><img src="https://lea.medicalistes.fr/images/blog96jpg.jpg" alt="" /></p>
<p>Une aquarelle de Léa sur le carton souvenir</p>
<p>La petite église d’Hennuyères était pleine à craquer, plus de 500 personnes.
Comme promis, Mr R. des pompes funèbres avait préparé un service parfait, nous dirigeant pendant toute la cérémonie.
C’est son boulot, vous me direz…Oui mais c’est une épreuve très difficile et avoir quelqu’un de professionnel qui vous aide ce jour là est sincèrement précieux.
Lors du choix du cercueil, j’avais eu une ultime demande, celle d’offrir un cercueil rose à Léa et Mr R s’est démené pour l’avoir car ce n’est pas une demande courante…</p>
<p><img src="https://lea.medicalistes.fr/images/blog100jpg.jpg" alt="" />...<img src="https://lea.medicalistes.fr/images/blog101jpg.jpg" alt="" /></p>
<p>Alléluia, de Jef Buckley résonna en musique d’entrée.</p>
<p>La cérémonie durât plus d’une heure trente et personne ne s’en rendit compte, des chansons comme ; Souviens-toi de JJ Goldman (chanson qui était souvent chantée en classe avec Cath), Il faudra leur dire de F. Cabrel, La poupée de Manau (que Léa m’avait fait découvrir),
Dors de F. Pagny, Marcher dans le sable de G. DePalmas et d’autres encore…
Des textes également comme « Le bonheur est tout petit » ou « la vie « de Mère Théresa ou encore des textes personnels en hommage à notre fille.
L’Abbé M. est vraiment quelqu’un de formidable et je le remercie du fond du cœur de nous avoir accompagnés dans cette douloureuse épreuve.</p>
<p>A la sortie de l’église, quelques chiens du club de dressage faisaient une haie d’honneur aux côtés de leurs maîtres, sans bouger d’un poil.</p>
<p>Puis, vint le moment de dire au revoir à Léa au cimetière où un énorme lâché de ballon eut lieu. A mon grand soulagement, la mise en terre s’est faite après notre départ.</p>
<p>Tout le monde avait fait de son mieux pour offrir à Léa une cérémonie digne de son courage exemplaire.</p>
<p>C’est à partir de ce moment que notre deuxième vie a commencée, celle de l’après Léa…</p>
<p>C’est à partir de là qu’il nous a fallut apprendre à vivre sans elle…</p>
<p>Et, c’est encore difficile, aujourd’hui...</p>